Net Encounters

Avec la série de projets Net Encounters, la HEK a permis de faire émerger de nouveaux modes d’échange direct entre les artistes et le public, à travers des œuvres en ligne sur commande. L’enjeu: mettre en place des relations innovantes entre ces deux communautés au cours de la pandémie, en s’appuyant sur le savoir et le savoir-faire proposés et transmis par les artistes.

Les règles très strictes de distanciation sociale ont provoqué un essor de l’utilisation d’Internet, qui est devenu un médium important – parfois unique – pour entretenir un lien avec le monde. Dans ce contexte, l’art en ligne a fait l’objet d’un regain d’attention. Avec Net Encounters, la HEK a invité les artistes à imaginer de nouvelles formes de vivre-ensemble qui transcendent la distance par le biais de microperformances ou de transactions. En assurant un rôle de médiation, la HEK entendait également faire émerger de nouvelles relations entre les créateurs, les créatrices et leur auditoire. Les rencontres ont pris la forme d’œuvres ou de transferts de connaissances.

Les microperformances avaient pour principal objectif de permettre la rencontre avec une œuvre d’art. Elles ont pris corps sous forme de performances live dans différents lieux physiques, rendues accessibles par les outils numériques, ou de performances en ligne à visionner sur écran. Il s’agissait avant tout de faire l’expérience d’une œuvre en temps réel. Les rencontres provoquées par le biais des transactions reposaient sur un échange de contenu.

Le programme était axé sur l’expérimentation de nouveaux modes d’échange direct. Les artistes portent un regard critique sur le monde et nous permettent ainsi souvent d’appréhender sous un jour nouveau ce que nous pensions connaître. Laissons-nous à nouveau inspirer et bousculer par leur vision!

La série Net Encounters s’est déroulée de janvier à juin 2021. Un nouveau projet a été présenté chaque mois, grâce à la participation des artistes suivant·e·s: Andreas Gysin & Sidi Vanetti, Rita Hajj, Lauren Huret, Till Langschied, Ceylan Oztruk et Sarina Scheidegger.

Le projet Net Encounters a bénéficié du généreux soutien de la fondation culturelle suisse Pro Helvetia.

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Lauren Huret

The Creature, 2021

Lauren Huret, The Creature, 2021
Lauren Huret, The Creature, 2021

Pour la série Net Encounters, Lauren Huret propose à chacun et chacune la possibilité de commander et d’obtenir une œuvre vidéo exclusive et personnalisée, basée sur les informations que l’artiste consulte en ligne sur la personne concernée.

Prise de position de Lauren Huret sur son œuvre The Creature (2021):

«Depuis les prémices des réseaux sociaux, les comportements humains sur Internet me fascinent: la façon dont on partage des morceaux de vie, le rapport à la représentation de soi, la manière de faire sa propre publicité, etc. Chaque fois que je publie quelque chose en ligne, je ne peux pas m’empêcher de penser que je fais quelque chose de mal. Cela est dû en partie à une méfiance envers le capitalisme de surveillance et à la crainte des jugements, mais avant tout au sentiment que le fait de partager certaines facettes sélectionnées de ma vie pourrait être trompeur (parfois de façon intentionnelle), risqué ou totalement inintéressant. Je continue néanmoins à partager et à poster des contenus, et je m’y sens souvent contrainte en tant qu’artiste. Malgré mon scepticisme, je trouve ce phénomène extrêmement fascinant, notamment l’immense quantité d’informations et d’images que les gens sont prêts à mettre à disposition dans l’espace public (ou, plus précisément, dans un succédané d’espace public), à savoir Internet. Pour faire simple, vous avez la possibilité de jouer le rôle de mécène et de me commander la réalisation d’œuvres sur votre présence en ligne. Il s’agit d’un portrait de l’ère de l’information à l’époque de l’échange de masse. L'œuvre documente une recherche vous concernant, c’est une archive temporelle de votre personnalité en ligne. Aucune information privée issue de notre correspondance ou de nos échanges précédents (par exemple, vos coordonnées) n’apparaîtra dans l’œuvre, mais uniquement les informations trouvées en ligne. Comme si nous ne nous étions jamais rencontré·e·s. En tant qu’artiste, je tenterai de comprendre qui vous êtes en suivant votre trace et mon instinct, puis en réalisant un portrait vidéo. Par conséquent, l’œuvre finale reflétera également ma propre subjectivité, ainsi que l’idée que je me fais de votre personne. Elle sera influencée par mon état d’esprit, parfois prophétique et dramatique, parfois léger et drôle, parfois étrange et absurde. Tu es le modèle, je suis la peintre.»

Si vous souhaitez commander votre propre œuvre vidéo, contactez Lauren Huret: http://laurenhuret.com/the-creature.

Lauren Huret (née en 1984 à Paris) vit à Genève, en Suisse. Son œuvre, principalement composé de vidéos, d’installations, de performances et de collages, se fonde sur une exploration permanente de l’influence de la culture des médias et de la technologie sur notre système de croyances. Elle a notamment exposé ses travaux au Kunsthaus Langenthal, à la Hard Hat Gallery de Genève, à La Panacée à Montpellier, au Copenhagen Contemporary, au Centre d’art contemporain de Genève, au Centre Culturel Suisse à Paris, à la Maison des Arts Électroniques de Bâle et au Jeu de Paume de Paris. Ses dernières performances ont eu lieu au Kunstverein Göttingen en Allemagne, lors du Performancepreis Schweiz au Kunstmuseum Luzern, au Schinkel-Pavillon de Berlin, au Théâtre de l’Usine à Genève, au festival Les Urbaines à l’Arsenic de Lausanne, ainsi que pour l’organisation internationale CICR en Turquie et à Londres. Ses dernières publications comprennent notamment: «Artificial fear, Intelligence of Death», coédité par Link Editions et la Kunsthaus Langenthal (2016), «L'âge des techniciens» avec Pacôme Thiellement, édité par Clinamen (2017) et «Praying for my haters», édité par le CCS Paris (2019).

Année: 2021
Type: vidéo
Oeuvre: https://vimeo.com/504812630
Artiste: http://www.laurenhuret.com

Le projet Net Encounters a bénéficié du généreux soutien de la fondation culturelle suisse Pro Helvetia.

Till Langschied

Graphics-Incantation-Formats, 2021

Till Langschied, Graphics-Incantation-Formats, 2021
Till Langschied, Graphics-Incantation-Formats, 2021

À l’occasion de Net Encounters, Till Tumaroh, l’alter ego de performance de Till Langschied, nous invite à envisager Internet comme un univers magique, chargé d’histoires et de mythes.

L’artiste déclare à propos de son travail:

«Tumaroh, personnage virtuel sillonnant différentes époques, découvre aux débuts d’Internet les «Graphics-Incantation-Formats», abrégés G-I-F. D’après lui, ces animations GIF possèdent une force secrète lorsque l’utilisateur ou l’utilisatrice d’Internet reçoit le GIF qui lui correspond et l’enregistre sur son ordinateur.»

Afin que chaque membre du public de Net Encounters puisse obtenir le GIF qui lui correspond parmi les huit «Graphics-Incantation-Formats» proposés, Tumaroh a programmé une application Selecter AR, accessible via Instagram ou Facebook. Il suffit de cliquer sur le graphique d’accueil pour se voir attribuer un GIF. Le processus peut être enregistré sous forme de vidéo ou de photo sur Instagram ou sur Facebook. Avec cette photo ou cette vidéo, l’utilisatrice ou l’utilisateur peut alors contacter Till Langschied ou la HEK par Instagram ou Facebook, ou publier une story sur l’une de ces plateformes, en identifiant l’artiste ou le musée. Le fichier original du GIF lui est ensuite envoyé, de même qu’un magazine numérique contenant des informations supplémentaires sur les «Graphics-Incantation-Formats», qui racontent l’histoire de la découverte et la magie de ces petits fichiers, avec des illustrations en images. Tumaroh donnera en outre une performance en ligne, dans laquelle il attribuera en temps réel un GIF aux membres du public et répondra à des questions sur les mythes d’Internet.

Till Langschied est un artiste visuel né en Allemagne, qui vit et travaille en Suisse avec différents médias. Originaire de Francfort-sur-le-Main, il a étudié à l’AMD Düsseldorf et auprès de Chus Martínez à l’Institut Kunst HGK de Bâle, où il a obtenu en 2019 son diplôme en art visuel. La recherche artistique de Till Langschied se concentre sur les désirs et les rêves des humains, ainsi que sur la façon dont nous les projetons sur un «autre», à savoir la technologie et la nature. Ses œuvres explorent les relations en constante mutation entre les espaces virtuels et analogiques, en opérant à la frontière entre ces mondes. Nombre de ses travaux sont élaborés dans des formats numériques, puis transformés en objets et en installations physiques, afin d’interroger la capacité d’agir du virtuel. Au cours de sa pratique, il a inventé le personnage de performance de Till Tumaroh, son alter ego, qu’il met en scène à différents niveaux dans son travail. Le manifeste écrit de Till Tumaroh a été publié par les Éditions Extensibles (Paris), puis présenté sous forme de performance de lecture à la librairie du Palais de Tokyo à Paris et à la Dampfzentrale de Berne. Les travaux de Till Langschied ont été exposés à l’international, notamment au Kunstraum Niederösterreich (Vienne, 2020), à la Maison des Arts électroniques de Bâle (Münchenstein, 2019), Au Lieu (Paris, 2019), au Kunstverein Freiburg (Fribourg-en-Brisgau, 2019) et à Binz 39 (Zurich, 2019). L’artiste a été invité à la Lago Mio Residency de Lugano (Suisse) en 2020 et à une résidence en Chine par Pro Helvetia en 2021.

Année: 2021
Type: application AR
Oeuvre: https://www.facebook.com/fbcameraeffects/tryit/409629776938802/
https://www.instagram.com/ar/409629776938802/
Artiste: https://till-langschied.de

Le projet Net Encounters a bénéficié du généreux soutien de la fondation culturelle suisse Pro Helvetia.

Gysin-Vanetti

mail@gysin-vanetti.com, 2021

Gysin-Vanetti, mail@gysin-vanetti.com, 2021
Gysin-Vanetti, mail@gysin-vanetti.com, 2021

Le projet imaginé par Gysin-Vanetti pour Net Encounters repose sur l’un des services Internet les plus populaires, l’e-mail, que le public est invité à utiliser pour interagir personnellement par écrit avec les artistes. À une époque où les contacts en ligne se sont multipliés et accélérés, la messagerie électronique peut apparaître comme un système de communication moins direct. Avec le souhait de redonner de la valeur au courrier électronique comme médium d’échange, les artistes ont créé une adresse e-mail et un service de réponse automatique.

Lorsqu’un message est envoyé à cette adresse, une œuvre géométrique est générée par le serveur et transmise en réponse à l’adresse de l’expéditeur. L’œuvre d’art est produite par un algorithme qui utilise les signes contenus dans l’objet du message et les réorganise pour former de nouvelles configurations géométriques. Le résultat se veut déterministe: la même entrée produit la même réponse. Chaque personne peut ainsi obtenir gratuitement une ou plusieurs œuvres personnalisées.

Parallèlement, le public peut utiliser cette opportunité pour envoyer des questions ou des commentaires personnels aux artistes, en utilisant le corps du mail. Tous les 10 jours, ces derniers répondront aux questions reçues pendant ce laps de temps, rassembleront les questions et commentaires et y réagiront avec leurs propres observations. Toutes les personnes ayant participé reçoivent un message de réponse commun, dans lequel elles peuvent retrouver leurs questions et leurs idées par thématique, sous forme anonymisée, assorties d’un commentaire ou d’une réponse des artistes.

Attention: les œuvres et les réponses envoyées par les artistes peuvent être redirigées vers les courriers indésirables. Le public est par conséquent prié de vérifier également ce dossier.

Andreas Gysin et Sidi Vanetti sont un duo d’artistes qui explorent les images et les schémas, en utilisant la géométrie des écrans multi-usages et en combinant différentes disciplines, issues des domaines de la communication visuelle, de l’architecture et des nouvelles technologies. En parallèle de leur travail d’enseignement et de design, ils imaginent des interventions temporaires ou des installations permanentes dans l’espace public et dans les musées. Leurs projets se caractérisent par un emploi très personnel de matériel recyclé, dont la configuration n’est pas modifiée, mais utilisée différemment de l’original, dans le but de générer de nouvelles permutations visuelles. Tous deux nés en 1975, Andreas Gysin et Sidi Vanetti ont obtenu leur thèse commune en 2000 à la Hochschule für angewandte Wissenschaften und Künste du Tessin et mènent depuis lors des projets de recherche communs.

Année: 2021
Type: e-mail
Site Internet des artistes:
https://www.gysin-vanetti.com

Le projet Net Encounters a bénéficié du généreux soutien de la fondation culturelle suisse Pro Helvetia.

Sarina Scheidegger

Becoming a Stream, 2021

Sarina Scheidegger, Becoming a Stream, 2021
Sarina Scheidegger, Becoming a Stream, 2021

L’eau est perçue comme un vecteur de la mémoire et du savoir. Elle n’est pas seulement définie comme une ressource, mais également comme un esprit, qui relie les êtres humains et non humains, leur est intrinsèque. Becoming a Stream de Sarina Scheidegger est une collection de différentes images d’eau, réalisées depuis différentes perspectives et sous différents angles. L’artiste invite toutes les personnes qui le souhaitent à lui envoyer par e-mail ou par Instagram des images d’eau, auxquelles elle répond par un texte personnalisé et unique, inspiré par les images reçues. Les images et les textes réunis pendant un mois s’assemblent pour former peu à peu un corps aquatique.

La collecte d’images de textes permettra d’explorer l’eau, pas seulement comme une substance quantifiable et instrumentalisée, mais avant tout comme un potentiel allié vivant dans nos méthodes d’élaboration des savoirs, de la pensée et de l’action. Inspirée par l’autrice Astrida Neimanis, qui décrit dans son livre Bodies of Waters le cheminement et la circulation d’un verre d’eau, l’artiste évoque dans ses écrits les aspects collaboratifs et connectés de l’eau et des éléments aqueux, spongieux et fluides qui nous entourent. Pour la partie typographique de ce projet, elle travaille avec le designer graphique Kambiz Shafei, poursuivant ainsi leur collaboration qui remonte à de nombreuses années.

Le projet a été lancé le 1er avril 2021.

Sarina Scheidegger est une artiste, autrice et rédactrice, qui participe régulièrement à différentes collaborations, principalement à Bâle, en Suisse. La diversité de formes des œuvres et des réflexions communes avec d’autres artistes constitue une thématique importante dans la recherche artistique de Sarina Scheidegger. Elle travaille dans le cadre de différentes configurations et collaborations, par exemple avec l’artiste argentine Jimena Croceri. Ensemble, elles ont réalisé une nouvelle série de performances consacrées aux thèmes de l’eau (et de sa politique), de l’hydroféminisme et de la fluidité. Sarina Scheidegger est titulaire d’un Master of Contemporary Art Practice (HKB Hochschule der Künste Bern) et a obtenu de nombreuses bourses et distinctions internationales, dont la résidence «FLORA» en 2018, à Bogota en Colombie, avec le programme «Coincidencia» de Pro Helvetia. Ses travaux ont notamment été présentés à l’Istituto Svizzero (Rome), à la Raven Raw Gallery (Londres), à la Kunsthalle Basel (Bâle), à Crisper (Bogota) et à l’IPA Performancefestival (Istanbul).

Année: 2021
Type: Instagram
Format: photos et textes
Lien vers l’œuvre d’art: www.instagram.com/sarina_scheidegger/

Le projet Net Encounters a bénéficié du généreux soutien de la fondation culturelle suisse Pro Helvetia.

Rita Hajj

A turn on, a turn off, 2021

Rita Hajj, A turn on, a turn off, 2021
Rita Hajj, A turn on, a turn off, 2021

À l’occasion de Net Encounters, l’artiste Rita Hajj partage pendant un mois une diffusion en direct de sa machine à café. Elle invite le public à télécharger des images de sa cafetière ou de sa théière, tandis qu’elle élabore une réflexion sur l’histoire du Web et sur l’évolution des diffusions en direct et des interactions en ligne.

À l’occasion de Net Encounters, l’artiste Rita Hajj partage pendant un mois une diffusion en direct de sa machine à café. Elle invite le public à télécharger des images de sa cafetière ou de sa théière, tandis qu’elle élabore une réflexion sur l’histoire du Web et sur l’évolution des diffusions en direct et des interactions en ligne.

En 1991, le laboratoire informatique de l’université de Cambridge a installé une caméra pour fournir à ses équipes des images en direct de leur machine à café. Quelques années plus tard, la caméra a été reliée à Internet, donnant ainsi lieu à l’une des premières diffusions live. Dans turn on,turn off, Rita Hajj reconstitue cet événement historique dans son studio, en permettant au public de visionner sa propre machine à café via un site Internet. Elle invite également les utilisateurs et utilisatrices à partager une photo de leur propre cafetière. Il leur faut pour cela se rendre sur le site correspondant, accepter la participation et charger leur cliché. Une image générée par un algorithme entraîné à l’aide de données relatives à des cafetières leur est alors envoyée. Rita Hajj formule ainsi une subtile critique envers les dynamiques sociales et commerciales qui se sont développées en ligne. Auparavant espace d’échanges mutuels, Internet s’est mu en un terrain sur lequel les utilisateurs et utilisatrices sont exploité·e·s à leur insu pour la collecte d’informations destinées au profit.

Rita Hajj déclare:

«Ces travaux ont émergé d’un questionnement sur une rencontre avec une image numérique. Ils reconstituent ce que l’on a considéré être la première webcam au monde, mise en place en 1991 par des scientifiques à l’université de Cambridge en Angleterre. Ultérieurement, en 1993, cette même caméra transmettait, en direct via un ordinateur, des images de surveillance de la machine à café: trois fois par minute, une photo de celle-ci était diffusée dans le réseau mondial. Il se raconte que des millions d’enthousiastes de la technologie ont consulté ces images, en ont parlé sur différents médias et ont échangé de nombreuses anecdotes à ce sujet. «D’abord nouveauté, puis icône d’envergure mondiale et enfin artefact historique», le mécanisme a été désactivé en 2001 et la machine à café a été vendue aux enchères sur eBay pour 3300 £. De l’émergence de ce moment à sa reconstitution dans le contexte et dans l’histoire du Web, il ne s’agit pas de témoigner d’un passé ayant conduit aux messageries vidéo ou au commerce en ligne en temps réel, mais de mettre en lien les interactions et les transactions. Les interactions sur le Web social ont la prétention de se vouloir inclusives, en soulignant l’idée séduisante d’un réseau humain solidaire: un vivre-ensemble mondial. Nous, utilisatrices et utilisateurs, approuvons cette vision alléchante, bien que nous ayons conscience de sa dimension non démocratique. Nous pourrions nous demander: à qui appartiennent les technologies utilisées? À qui sont-elles accessibles? Pourquoi, en tant qu’utilisatrices et utilisateurs, acceptons-nous un pouvoir qui nous séduit, non seulement à travers le recours à la technologie, mais également à travers la production d’images?»

Née en 1993 à Beyrouth, Rita Hajj est une artiste et designeuse basée depuis 2016 à Genève. Après son diplôme, obtenu à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts en 2014, elle a achevé en 2018 un Master à la Haute école d'Art et de Design-Genève. Entre nouveaux médias, écriture, scénographie et performance, sa pratique est une recherche continue, qui explore la production d’images contemporaines et sa corrélation avec l’histoire et la technopolitique. Les œuvres de Rita Hajj ont été présentées dans des expositions collectives à LiveInYourHead (Genève), à one gee in fog / two gees in eggs (Genève), au CAC-Brétigny (Brétigny-sur-Orge) et à l’Institut du Monde Arabe (Paris). L’artiste a également participé à plusieurs programmes à l’Istituto Svizzero (Rome), la Haus der Statistik (Berlin) et à la Kunsthalle im Lipsius-Bau (Dresde). Elle a effectué récemment une résidence d’artistes à La Cité Internationale des Arts (Paris) et travaille actuellement à la publication d’un ouvrage aux Éditions Clinamen.

Remarque de l’artiste: ce projet a pu voir le jour grâce au soutien technique de mon collègue artiste et chercheuse Alex Gence.

Ceylan Öztrük

Document3 (Transmission Tower), 2021

Pour la série Net Encounters, l'artiste Ceylan Öztrük a développé une œuvre qui invite chacun à contribuer à un document Google Drive co-écrit par le public et l'artiste. Le public est invité soit à suivre simplement l'évolution du texte en ligne, soit à le modifier et à ajouter de nouveaux paragraphes à l'histoire.

Si l'écriture est souvent une expérience intime et personnelle, dans Document3 (Transmission Tower), Ceylan Öztrük a choisi de partager ce processus avec le public afin d'encourager une rencontre et un échange créatifs. Son travail est une expérience qui se concentre sur les nouvelles opportunités et possibilités que cet échange peut apporter. L'écriture ajoutée par les spectateurs transforme le texte en cours de réalisation en un acte performatif ; Google Drive devient une scène sur laquelle la performance a lieu et dont on peut être témoin de l'évolution, plutôt qu'un travail fini. En invitant le public à participer au document, Öztrük renonce à une partie de son contrôle sur le développement de l'œuvre, laissant le résultat incertain. Au final, Öztrük rassemblera toutes les contributions reçues, ainsi que ses propres ajouts et révisions, dans un texte final qui reconnaîtra tous les participants. Pour participer à cette action participative et accéder au document en ligne, rendez-vous sur le site de l'artiste : ceylanoztruk.com.

Ceylan Öztrük est un artiste qui vit et travaille à Zurich. Elle étudie les formes acceptées de connaissance et la manière dont elles ont été construites pour devenir des outils des structures de pouvoir. Öztrük vise à perturber le flux conventionnel d'informations par le biais d'une approche multidisciplinaire dans laquelle elle propose d'établir de nouveaux canaux parallèles à ceux qui existent déjà, ou parfois les remplaçant. Ceylan Öztrük a terminé son doctorat basé sur la pratique (2016) à l'université des beaux-arts Mimar Sinan (Istanbul), qu'elle a commencé en 2014 à Vienne à l'Académie des beaux-arts. Elle a obtenu ses diplômes d'études supérieures et de premier cycle à la faculté des beaux-arts de l'université Anadolu. Parmi ses expositions et performances, citons : Oriental, Theater Gessnerallee, Zurich (2020) ; Am a Mollusk, too ; re/producing tangents, Longtang, Zurich (2020), IV Berliner Herbstsalon, Berlin (2019) ; Oriental Demo, My Wild Flag Festival, Stockholm (2019), Building Poems, 1.1, Bâle (2018) ; Speculative Domestics : Ai (Artificial Intimacy) Showroom, Alienze, Lausanne (2019) ; Call me Venus, Mars, Istanbul (2016).

Année: 2021
Type:
Oeuvre:
Artiste: http://ceylanoztruk.com

Le projet Net Encounters a bénéficié du généreux soutien de la fondation culturelle suisse Pro Helvetia.